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OLOT : LA VILLE QUI « PÈTE LE FEU » !

01 Fév OLOT : LA VILLE QUI « PÈTE LE FEU » !

Artistique, gastronomique, culturelle, industrielle, Olot conjugue l’excellence au pluriel dans un cadre grandiose ! La capitale de la Garrotxa, deux fois détruite, jamais domptée, tutoie avec panache le siècle qui commence.

Avant même d’être une ville, Olot est un paysage : un paysage de montagnes aux courbes douces comme des seins de femme, boisées et sombres, dont le sommet est parfois coupé par la conque d’un ancien cratère. La capitale de la Garrotxa s’est brûlée par deux fois à la caresse ardente de la lave en fusion, en 1428 et 1429. L’occasion de deux renaissances, pour cette ville indomptable ! À Olot, les volcans sont partout, ils possèdent même un parc naturel et un centre d’interprétation ! Ils sont vivants dans la pierre de basalte grise et noire qui structure les maisons, les murets, les églises, les ponts ; dans la coulée du Croscat devenue attraction touristique ; dans la profusion des fontaines et la permanence des aiguamolls de la Moixina, à deux pas du centre-ville. Et surtout, dans le caractère local, bien trempé ! Olot est une survivante. Dès l’arrivée, on est frappé par l’activité trépidante, le nombre d’enseignes, les silhouettes de briques des anciennes usines qui expriment la participation de la ville à la révolution industrielle, il y a presque deux siècles, avec l’industrie textile, notamment la fabrication de bas et de cotonnades, et plus récemment, les charcuteries industrielles. Une vocation jamais démentie, dans tous les secteurs, Olot est l’exemple même de ce tissu de PME qui font le cœur de la Catalogne ! Emblème de la ville, le volcan Montsacopa sur le versant duquel se couche le cimetière, entoure la chapelle de Sant Franscesc plantée en plein milieu du cratère, deux jolies tours carlines et un espace de mémoire de la guerre d’Espagne poignant. à Olot, le tribut a été lourd. Tout le centre-ville s’organise autour de l’église Sant Esteve, un grand édifice baroque à clocher octogonal entouré d’une belle balustrade moderniste à décor de céramiques dont le trésor abrite un très beau Gréco représentant le Christ embrassant la Croix. De ce point central partent les grandes rambles plantées de platanes, le haut lieu de la convivialité locale : le firal. Plus tardif, il abrite quelques belles façades modernistes dont le théâtre municipal, signée du grand Lluís Domènech i Montaner, ornées de cariatides sculptées par Eusebi Arnau et monte en pente douce vers les anciennes arènes. En face de l’église, s’élève Can Trinxeria, une maison de maître rachetée par la ville qui abrite une splendide crèche monumentale digne d’un palais napolitain. Elle a longtemps appartenu aux descendants de Josep de la Trinxeria, chef de la guerre du Vallespir et du Conflent contre les armées de Louis XIV venues imposer la gabelle.

Urbanisme et élégance

La grand-rue se déploie, étroite et animée, et mène à la place Major, une jolie place carrée où culminent toutes les fêtes de la ville. Plus loin, devant la Fontaine du Lapin, la bien nommée, deux maisons modernistes, dont une avec une tour cylindrique ornementale due au crayon de Josep Azemar. Le grand architecte moderniste Alfred Paluzie a également laissé sa trace dans la ville, trouée de petites places ornées de fontaines comme celle de l’Ange. Plus loin encore, le cloître du couvent des Carmes est un des rares exemples d’architecture religieuse renaissante de Catalogne. Il abrite aujourd’hui l’École des Beaux-Arts. Toujours à partir de la grande église Sant Esteve, l’Alpha et l’Omega d’Olot et cette fois, à l’opposé de la grand-rue, une autre rue mène au Parc Vell, un joli parc carré surélevé qui fait office de rond-point entre les différents quartiers de la ville. Juste avant d’y parvenir s’ouvre sur la gauche l’ancien hospice d’Olot, de style néoclassique, organisé sur trois étages autour d’un cloître. Il abrite le musée de la Garrotxa. Un vrai musée, qui rend hommage à l’école d’Olot, mouvement paysagiste connu à l’échelle mondiale qui s’est inspiré de l’école de Barbizon autour de son mentor, Joaquim Vayreda.

Au cœur de la nature

Des sculptures du grand sculpteur local, Josep Clara, un sublime tableau de Ramon Casas, « La Charge », des tableaux de Miquel Blay, un Maillol et une importante collection d’affiches modernistes rendent la visite indispensable. N’oubliez pas non plus de visiter le Museu dels sants, car Olot est célèbre depuis le XVIIe siècle pour ses ateliers d’imagerie religieuse. Vous pourrez voir les sculpteurs et stuqueurs travailler en direct derrière une vitre, découvrir la statuaire locale et connaître l’importance des exportations de statues et figurines, notamment en Amérique latine, aux Philippines et en Europe de l’Est. Rien d’étonnant à ce qu’Olot soit aussi la capitale incontestée des santons de crèche et plus généralement du mouvement pessebriste !

Le sens du goût

Dans une petite rue proche du fleuve, le majestueux Fluvià et, perpendiculaire à lui, une petite église s’ouvre au milieu des maisons, l’air de rien. C’est pourtant ici que réside la mémoire d’Olot et l’emplacement de la vieille église del Tura, ainsi nommée car selon la légende, c’est une génisse qui découvrit un jour d’un coup de sabot la statue de la vierge, patronne de la ville à laquelle sont dédiées tous les mois de septembre de grandes fêtes. En suivant la voie verte, sur l’ancien tracé du chemin de fer qui reliait autrefois Olot à Girona, devenu aujourd’hui un paradis pour les cyclistes et les marcheurs avides de paysages vierges, on remonte jusqu’aux monumentales fontaines de Sant Roch, le lieu de pique-nique et de baignade privilégié des Olotins dans les cascades du Fluvià, dès que l’été continental dicte sa loi. L’occasion d’admirer, à mi-chemin, le monument aux vaincus de la Guerre d’Espagne sculpté par Claudi Casanovas, un étrange parallélépipède gris et volumineux qui représente « l’âme blessée, cloîtrée entre quatre ardoises ». À Olot l’art est partout chez lui. Le Parc Nou « nouveau parc » est une magnifique propriété sur laquelle se trouve la maison Castanys, une demeure moderniste aux allures italiennes avec sa façade orangée soulignée de blanc qui abrite un centre d’information sur le Parc naturel et la végétation caractéristique du plateau d’Olot.

Beau patrimoine

Ne ratez pas, au musée des volcans tout proche, le simulateur audiovisuel de tremblements de terre, c’est spectaculaire ! Mais le must, au fond, c’est le parc lui-même avec son jardin botanique, sa rouvraie et son jardin de plantes médicinales de la Garrotxa. Maintenant, une promenade s’impose dans les anciens marécages de la Moixina, qui donnent naissance à deux fontaines très courues des autochtones pour la qualité cristalline de leurs eaux, la Font la Moixina et la Font de la Deu. À moins que vous ne contourniez le volcan de les Bisaroques, pour vous retrouver sur la route de Figueres. À deux pas de la piscine, au bout d’un chemin arboré, la fontaine de les Tries vous attend. Enfin, sur la route de Santa Pau, vous trouverez la hêtraie la plus poétique du monde, la Fageda d’En Jordà, une forêt unique qui mérite le détour en toutes saisons ! Si Olot est une ville industrielle, amoureuse des arts plastiques et de l’architecture, elle est aussi une vraie capitale gastronomique. Il lui revient d’avoir imposé un concept culinaire vraiment local, la cuina volcànica, à base de produits cultivés sur les terres de lave, comme le sarrasin, la farine blanche de maïs, les pommes de terre de la Vall d’en Bas ou le navet noir. Fina Puigdevall, chef doublement étoilée du restaurant « Les Cols » est un des fers de lance de cette récupération du patrimoine local. Mais la ville montre aussi son excellence dans ses charcuteries, réputées les meilleures de Catalogne, le piumoc (une saucisse fabriquée à base de travers de porc), le recuit (sorte de brousse de brebis, de chèvre ou de vache), le yogourt de la Fageda ou encore sa Ratafia hors pair. Côté desserts ne ratez pas sa fougasse aux lardons (coca de llardons) et son tourteau à l’anis, c’est divin !

Qui no ha estat a Olot no ha estat unlloc

Et bien sûr toute cette culture du bien manger se retrouve sur le sacro-saint marché du lundi sur le foirail, une véritable institution qui rassemble 140 stands et aussi sur la Plaça Mercat, juste derrière le Musée de la Garrotxa, dans des halles ultramodernes qui excellent dans les produits verts et frais. De nombreuses opérations comme la route des tapas « Us mengeu Olot a mossegades » (faites d’Olot une bouchée), la Foire des charcuteries ou le salon Origens mettent en avant cette identité gastronomique, par ailleurs portée par quelques très bons restaurants, comme Ca l’Enric (pla de Bianya), Les Cols ou la Quinta Justa. Qui no ha estat a Olot no ha estat unlloc (Si vous ne connaissez pas Olot vous ne connaissez rien) dit le dicton. C’est sans doute un peu fort, mais il est certain que la capitale de la Garrotxa n’est pas de celles qu’on oublie. On parie ?

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