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Solsona : Un carnaval vraiment géant

01 Jan Solsona : Un carnaval vraiment géant

C’est le plus connu des carnavals catalans avec sa légendaire pendaison de l’âne. En avant-première et pour vous mettre l’eau à la bouche, le Carnaval de Solsona en quelques tableaux.
Solsona est sans aucun doute la capitale catalane du Carnaval. Non seulement les masques et personnages de carton-pâte font partie de son ADN artisanal, mais la population n’a pas hésité à braver Franco pour faire revivre une tradition qu’elle considérait directement liée à son identité. Aujourd’hui, la fête est connue dans tout l’état espagnol et attire un public fidèle et de plus en plus nombreux.

Solsones2Au pays des gegants, le Carnaval bat son plein !

En 1936, le général Franco, centraliste peu inspiré par les fêtes populaires catalanes et leur forte charge identitaire, imprime sur les Espagnes la marque de son catholicisme étroit. Tous les carnavals passent à la trappe, purement et simplement interdits par un décret promulgué depuis Burgos. Trop de désordre, trop de plaisir…

Subversion et audace

Il faut attendre 1971 et les premiers signes d’essoufflement du régime pour que quelques jeunes décident de redonner vie à la fête, malgré la chape de plomb de la censure. Après 35 ans d’absence, le roi Carnestoltes fait son grand retour, en lisant un sermon satirique devant la cathédrale, et son effigie est brûlée le mercredi des Cendres, jour de l’enterrement de la sardine et début de 40 longs jours de carême. La musique de mille objets usuels non prévus pour en faire (casseroles, seaux, bidons) inonde alors la ville tout le Jeudi Gras, au nez et à la barbe du dictateur vieillissant. Le journal de l’époque parle « de la joyeuse subversion d’une ville qui possède un siège épiscopal ». Les Cendres ont ressuscité la fête et Solsona a renoué avec ses racines !

De plus en plus fort

En 1972, c’est l’élection de Miss Forastera de Fora (étrangère de l’extérieur pour la différencier des estivantes citadines), puis les contredanses, des parodies des danses de salon, aux airs marqués de satire sociale. La célèbre maison de fabrication des gegants, les ateliers Casserras, réalise alors des répliques picaresques des gegants de la ville. Un compositeur local, le Maestro Roure compose de son côté un pot-pourri de paso-doble qui devient, sous le titre « el Bufi », l’hymne du festival. Enfin, en 1975, c’est la consécration ! Le Ministère de l’Information et du Tourisme alloue une subvention modique de 50 000 pesetas, reconnaissant du même coup la totale légitimité de la fête… En 1978 est créé le Gegantboig (le géant fou), le patriarche d’une nouvelle famille de gegants déjantés et la fête devient alors, pour la première fois, sous la Generalitat cette fois, « une fête d’intérêt touristique », appelée à devenir très rapidement la plus connue de toute la Catalogne.

Solsones3La polémique et le succès

Mais, c’est de la polémique que va naître sa plus grande notoriété. Depuis toujours, on rejoue à Solsona l’histoire de l’âne que les villageois avaient voulu faire paître au sommet du clocher pour en arracher l’herbe, mais qu’ils avaient eu la malencontreuse idée de hisser au moyen d’une corde autour du cou (ça vous dit quelque chose ? Direction les infos !). En 1986, des retransmissions télé du rituel de la pendaison de l’âne laissent croire à des amis des animaux que la peluche utilisée est bien vivante et suscitent une énorme levée de boucliers. Cette campagne de communication inattendue a fait depuis lors de la pendaison de l’âne, le clou de la fête, au point que des célébrités s’y précipitent pour présider l’événement !

Une fête multiforme

9 jours. 40 animations parmi lesquelles un banquet festif public, un concours enfantin de déguisements avec plus de 300 participants, trois concours de photos, un concours de design pour l’affiche, le Sopar Gras, la Cursa de Boits (une course de planches à roulettes), le bal de la « patacada » (ainsi nommé parce que le danseur masqué sollicite une dame, masquée elle aussi, d’un coup, un patac sur l’épaule), sans oublier, le marché de carnaval avec sa soupe « échaudée » et son bal des échaudés. Il y en a pour tous les goûts et tous les âges, dans une atmosphère joviale qui séduit un public de plus en plus nombreux. Bon, maintenant vous savez où passer le week-end du carnaval !

Solsones4Sauvés de la Peste

En 1458, en pleine épidémie de peste bubonique dans la foulée de la peste noire qui frappe alors toute l’Europe, deux enfants de berger rencontrent un jour aux champs une jolie petite fille en manteau rouge, portant une croix. Elle leur délivre le message du seigneur : seule leur piété pourra éloigner la maladie. Quelque temps plus tard, l’un des petits garçons meurt à l’âge de dix ans de la terrible maladie, non sans avoir délivré à nouveau le précieux message avant d’expirer. Cette fois, les adultes lui prêtent attention et se mettent à redoubler de prières. La peste quitte alors la contrée et les paysans décident d’édifier un sanctuaire à la vierge en action de grâces.

Un véritable musée

Aujourd’hui le sanctuaire del Miracle est un vaste ensemble qui comprend, outre la chapelle d’origine, un monastère bénédictin, des cellules dévolues aux retraites individuelles ou en famille et une hostellerie-auberge pour les pèlerins. Il est surtout connu pour sa Vierge du Miracle, une statue du XVe siècle et pour sa Vierge enfant, sculptée au XVIIIe. Si le retable renaissant est en tout point remarquable, la palme revient sans conteste au sublime retable baroque, extrêmement ornementé et surchargé de dorures que l’on doit au burin magistral de Carles Morató, un artiste natif de Solsona. Tous les historiens d’art s’accordent à le considérer comme un chef-d’œuvre de l’art catalan et même ibérique. En plus, le site est magnifique de sérénité et d’harmonie…

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