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Une vallée heureuse

01 Sep Une vallée heureuse

Malgré son étymologie ” la vallée âpre “, le Vallespir est généreux avec les hommes qui le peuplent : eaux vives ou thermales, fruits, minerai et bois sont donnés à profusion à qui sait les exploiter. Cette terre rude a toujours su nourrir ses fils.
vallespir8Vallée étroite la plus au sud de la Catalogne du nord et même de l’hexagone, le Vallespir pourrait sembler coincé contre la frontière, excentré et relativement pauvre. Ce serait compter sans la patte particulière de ses habitants qui ont toujours su faire de leurs handicaps apparents leurs meilleurs atouts et dynamiser l’économie locale en alliant adaptation à la modernité et respect des traditions.

La grâce des eaux

Sous ses airs faussement austères, le Vallespir est à sa façon un pays de Cocagne. D’abord, il y a l’eau. Celle du Tech et de ses affluents – plus d’une dizaine en 30 km -, une vallée si pure, si préservée, qu’elle est classée Natura 2000 car elle abrite un écosystème unique. Une eau qui a permis de tous temps une autarcie quasi totale grâce à l’élevage de bovins et d’ovins, notamment, aux salaisons et aux cultures vivrières. C’est encore cette eau qui a porté le développement d’une remarquable industrie textile, travail du chanvre, du lin, de la laine, à Saint Laurent de Cerdans et à Prats de Mollo, avec son produit dérivé phare, qui a donné à tant de familles un appoint de salaire apprécié : la fabrication des espadrilles, assurée par les femmes, à la tâche et à domicile. Aujourd’hui encore, les Toiles du Soleil étonnent le monde avec des boutiques à New York et à Tokyo et sont même devenues un must du design en ameublement. C’est l’eau encore qui a conduit la famille Bardou à fabriquer son célèbre papier Job à la papèterie d’Amélie-les-Bains, une institution qui fonctionne encore aujourd’hui et nourrit de très nombreux foyers : l’usine vient même d’être rénovée et agrandie !

Le don de la terre

Les arbres participent à cette richesse naturelle : autour de Céret, les chênes donnent leur liège, plus haut, hêtres et châtaigniers fournissent leur bois tendre à la tonnellerie, et les cerisiers, partout, offrent à profusion leurs fruits gorgés de jus. Il faudrait encore parler des champignons : cèpes, girolles, « rovellons » (lactaires délicieux), des célébrissimes « coscolls » (angéliques sauvages) que tout Vallespirien mange en salade dès qu’il est en âge de tenir une fourchette, ou des grosses châtaignes charnues ramassées à l’automne dans les sous-bois. Et aussi des mûres énormes, goûteuses, presque noires qui maquillent les enfants trop gourmands à la fin de l’été. Ici, la terre donne à profusion.

vallespir6Riche, décidément

Le sous-sol est bon prince aussi : exploitées à ciel ouvert de façon rudimentaire depuis des siècles, puis modernisées en 1899, les mines de Batère dites « les indis » ont fourni jusqu’en 1980, ce fer du Canigou inoxydable et robuste qui sublime les balustres des balcons et habille les hauts-fourneaux. Le marbre blanc veiné de bleu dit « marbre de Céret » encore extrait de nos jours, orne parvis et autels dans un rayon de cinquante kilomètres. La vie secrète des anciens volcans, cousins de ceux de la Garrotxa voisine, s’exprime en sources chaudes et bienfaisantes. A Amélie, autrefois les Bains d’Arles, les Romains toujours inspirés avaient installé des thermes près de l’Escaldadou et de la source du Monjolet : aujourd’hui les curistes se pressent pour soigner leur asthme ou leurs rhumatismes. A La Preste, les eaux douces soignent les affections du foie et des reins. De l’or bleu pour ces stations qui ont su développer des unités de balnéothérapie ludiques et performantes et attirer les touristes par la beauté de leurs sites naturels. D’ailleurs de l’or, il y a en a eu longtemps dans le Riuferrer ou la Ribera Ample, deux affluents du Tech… On vous le dit, le Vallespir est un Eldorado.

vallespir7Touristique en diable

Avec autant d’atouts liés à un patrimoine bâti exceptionnel et à l’expression constante d’une identité catalane résolue forte et transfrontalière, le Vallespir est logiquement devenu une destination touristique d’autant plus prisée qu’elle affiche une très grande diversité mais avec une constante de choix : la beauté des paysages et la présence de gîtes ruraux et de bonnes infrastructures hôtelières y compris de plein air. Et c’est le tourisme qui constitue en réalité la colonne dorsale de l’économie de la vallée, et ce, sous toutes ses déclinaisons. Un  tourisme vert et sportif d’abord : on pratique ici tous le sports d’eau vive, du parapente, de l’équitation, le golf et bien sûr la randonnée, été comme hiver, ce qui vaut à la vallée une clientèle familiale et fidèle. Le tourisme culturel : Céret reste une capitale de l’art moderne et son musée constitue un pôle d’attraction majeur mais le maintien de fortes traditions dans tous les villages joue aussi à plein pour ce tourisme à forte plus-value culturelle. Le tourisme de circuit : le Vallespir se situe sur la route transfrontalière du roman et sur les chemins de la Retirada et la frontière n’est plus un cul-de-sac routier mais une ouverture vers le sud. Et bien sûr tourisme de bien être : deux stations thermales, de nombreux villages d’altitude… le Vallespir a tous les talents !

 

Tant de richesses naturelles ne seraient rien si l’essai n’était pas transformé par les qualités d’accueil, d’ouverture et d’adaptation des gens du Vallespir. Campés dans leur vallée, arc-boutés à leur langue et leurs traditions, passionnément ouverts aux vents du monde que tant d’exils croisés leur ont portés, dopés par la force tellurique des volcans, ils ont su tirer du passé les leçons propres à assurer, pour longtemps, l’avenir de leur terre.

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