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60 ans de folle jeunesse

31 Jan 60 ans de folle jeunesse

La station village des Angles fête ses 60 ans ! Un anniversaire vénérable pour une surdouée qui a su, mieux que personne et avant tout de monde, conjuguer modernité résolue, respect de la tradition et qualité de l’accueil.

Plus qu’une histoire, c’est une épopée ! Une fable, aussi, sur la résilience. Dans les années 50, Les Angles et le Capcir étaient pauvres. Les gens survivaient avec un peu d’élevage, de la culture de la pomme de terre et d’un peu de braconnage… Le climat était sibérien et les jeunes s’exilaient presque tous pour trouver un travail.  Et puis, il y avait l’exemple de la station de Font-Romeu, dopé par son Grand Hôtel, qui était en pleine transformation… Et surtout, il y a la neige et le ski qui sont à la mode… Le chemin de l’avenir est là, dans une station de sports d’hiver. Il y a plus de 60 ans, le maire, le grand-père du maire actuel, Michel Poudade, s’appelle Paul Samson. L’édile têtu va galvaniser son conseil municipal pour investir dans ce rêve un peu fou. En 1958, déjà, il fait devant son conseil municipal les constats suivants : « D’année en année, nous voyons se dépeupler notre commune, comme dans toute la région du Capcir, nous voyons tous les ans partir beaucoup de nos jeunes pour la ville… plutôt que d’habiter ce pays au climat ingrat. » Il poursuit en proposant « d’apporter à sa région un peu de gaieté, d’animation et aussi un peu de bien-être, en attirant le plus grand nombre de touristes… » Au vu de son implantation géographique avec des pistes au nord conservant la neige jusqu’au village, « il serait souhaitable d’en faire une station d’hiver, en commençant par l’installation de deux remonte-pentes ». L’idée fait son chemin… La forêt de la Matte, seule richesse sonnante et trébuchante du village est hypothéquée pour dégager des liquidités. Reste à convaincre le préfet, la Direction de l’équipement et les banquiers. Paul Samson gagne tous ces bras de fer. Le préfet renâcle, prétextant l’absence d’hôtel sur la commune. Dès 1962, Paul construit l’hôtel Le Llaret, tout près de son auberge du Coq-d’Or. La DDE refuse que le départ du télésiège se situe au pied du village et exige la construction d’une route pour un départ plus haut : il reste ferme et n’hésite pas à ouvrir le premier télésiège sans toutes les autorisations… L ‘emplacement du départ du télésiège depuis le village, contrairement aux autres stations, vision de précurseur avisé, en fait encore de nos jours un atout de la station. Le 23 avril 1964, un arrêté préfectoral approuve les statuts de la régie municipale de la station populaire de sports d’hiver et de tourisme, créée par Les Angles…  Ça y est ! Le succès est quasi immédiat. Les premiers skieurs furent des locaux, mais aussi venu de l’Aude, du Tarn ou du Tarn-et-Garonne. Conséquence immédiate : le développement de l’immobilier. Beaucoup de granges et de pièces de maison furent emménagées pour accueillir les skieurs. Toutes les familles des Angles profitèrent de cette manne. La construction d’un premier lotissement brisa la frontière historique du vieux village et de son cimetière.

Les Angles changèrent de dimension. Paul Samson avait gagné son pari. L’écrivain et homme politique Arthur Conte salua ainsi son œuvre lorsqu’il lui remit la Légion d’honneur : « Vous avez créé un miracle aux Angles, ce miracle existe parce qu’il a eu Saint-Paul ». ému, Paul Samson répondit : « Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait par amour de mon pays ». Soixante ans après, Les Angles n’oublient pas ! Chaque année a apporté son lot de nouveautés et de nouveaux secteurs exploités, 400 canons à neige, désormais baptisés enneigeurs qui mettent à l’abri des caprices météorologiques, des parkings, des consignes à ski chauffées, et bien sûr, des gadgets numériques. En parallèle, les Angles ont été pionnier en matière d’animation avec des festivals tout au long de l’année, un engagement clairement intergénérationnel, et la réaffirmation assumée d’une identité catalane décomplexée.  Le successeur de Paul Samson, Christian Blanc a eu, lui aussi, de l’ambition pour sa station qu’il transforma en OVNI montagnard, désirable toute l’année, ultra-équipée, ultra-moderne. Des directeurs de station inspirés et des maires audacieux ont offert à Michel Poudade un fantastique essai à transformer. Mission accomplie avec la Station Nordique du Capcir, un snowpark performant, les eaux chaudes d’Angléo, l’ouverture de la luge Lou Bac Mountain), le bike park, la zone free ride… mais, surtout, 55 km de domaine skiable sur 800 m de dénivelé et un florilège de 45 pistes de tous niveaux, 8 noires, 14 rouges, 9 bleues, et 14 vertes. Les remontées s’effectuent depuis l’hypercentre, une exclusivité prisée des skieurs, et la station, décidément inclusive dans l’âme, accueille à bras ouverts le public handicapé. L’exode rural auquel voulaient échapper les fondateurs s’est transformé en énorme pouvoir d’attraction et la population sédentaire a triplé ! Aujourd’hui Les Angles figure au Top 5 des stations pyrénéennes.

Cap maintenu

La sémillante station, toujours en mouvement, compte bien ne pas en rester là : qu’il s’agisse des économies d’énergie, cruciales pour une station de sports d’hiver, d’économies en eau ou de préservation environnementale, elle a toujours une luge d’avance, et ne se repose jamais sur ses bâtons comme le montrent les innombrables compétitions sportives de haut niveau (Altriman, Championnat de parapente, La Trace Catalane, Trail des Pérics), les rendez-vous populaires (descentes aux flambeaux, défilés de gegants, fête des bergers, salons gastronomiques, cremats, disco-clocher, foire aux bestiaux, salon des antiquaires…) et bien sûr, la programmation d’un chapelet de festivals : Festival Givré, Garosnow, le Festival de l’Aventure, les Flocons de l’Humour…). été comme hiver, le rythme est soutenu. Toutes ces activités viennent s‘inscrire en contrepoint d’une étroite communion avec la nature, la neige, la forêt et les lacs, car ne l’oublions pas, les paysages sont le meilleur atout de cette ascension irrésistible au firmament des destinations. Au fil des spectacles ou des compétitions, la station a fini par attirer de très nombreuses personnalités, souvent très médiatiques, qui deviennent aussitôt ses meilleurs ambassadeurs. Les projets immobiliers de toutes sortes ont le vent en poupe, car la demande de résidences est forte. Et l’investissement public suit : pêle-mêle, on annonce une médiathèque, un parking souterrain et de surface près de l’Office du tourisme, un réaménagement complet du Pla du Mir, et aussi, la création d’une hotline utilisable par tous les usagers de la station 24h/24. Toute cette ébullition a commencé il y a exactement 60 ans… 60 ans de bonheur !

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