
03 Oct Salou, irresistible et addictive
La station balnéaire de Salou a su capitaliser son passé romain, sa gloire médiévale, ses récits de piraterie et les beautés du modernisme pour miser avec talent sur l’art des vacances en bord de mer, heureuses en toutes saisons.
Salou est la capitale touristique incontestée de la Costa Daurada, dynamisée non seulement par ses atouts naturels, mais aussi par la proximité du complexe PortAventura World, le plus grand parc de loisirs du sud de l’Europe, ainsi que par l’incroyable diversité de son offre d’hébergement, hôtellerie de plein air comprise. Sa promenade maritime, très large, bordée d’une double rangée de palmiers semblant former une haie d’honneur étoffée de lauriers-roses, déroule un pavement de ciment sculpté et coloré qui lui confère une noblesse toute minérale : un tapis d’honneur offert aux visiteurs. De grandes plates-bandes herbues, parfois fleuries, distillent des tons verts apaisants, tandis que de la plage toute proche – l’immense plage du Llevant – parviennent à la fois la chanson des vagues et la rumeur des vacanciers ivres de soleil. Des bancs, judicieusement placés à l’ombre, accueillent de longues conversations, des lecteurs concentrés, des idylles romantiques. Salou respire la douceur de vivre. Ses vingt-cinq plages et criques ainsi que la beauté de son cap – une zone naturelle splendide, tel un Cap de Creus en miniature – offrent d’infinies possibilités de baignade, de bronzette paisible et de balades permettent tous les sports nautiques ainsi que les excursions au large, en catamaran par exemple. Ici, tout est pensé pour votre plaisir, afin de vous offrir un farniente aussi animé qu’actif. Et ce n’est pas ce début d’automne méditerranéen qui viendra interrompre l’été, bien au contraire ! Sur la promenade Jaume Ier de Salou, un monument rappelle le départ historique de ce roi catalan pour conquérir Majorque, alors sous domination musulmane.
Un patrimoine vivant
Cette expédition marqua le début de l’annexion des Baléares au royaume catalano-aragonais et fit de Salou un point stratégique dans l’histoire médiévale de la Couronne d’Aragon. La nuit venue, les fontaines ornementales offrent un magnifique spectacle d’eau, de lumière et de musique, aux combinaisons rythmiques et chromatiques infinies : une féérie très prisée des passants. L’ensemble se compose de 1 000 jets répartis le long de la promenade, dont le clou est la fontaine cybernétique, la plus spectaculaire, située tout près du port. Vous pourrez vous amuser à traverser, sous les jets d’eau, un petit pont joliment jeté sur un lac artificiel. Plus loin encore, toujours face à la mer, dans le port naturel de Salou, un immense pêcheur de pierre semble ramener un filet chargé de poissons, un hommage à l’ADN originel de la ville. Mais les enchantements architecturaux de Salou ne s’arrêtent pas au front de mer moderne, ni aux grands immeubles qui font la part belle au verre, aux vastes balcons, aux rambardes transparentes et à l’acier brillant. La capitainerie, de pur style noucentiste, rappelle le temps où le port naturel de la ville concentrait ses activités sur l’exportation de l’eau-de-vie produite à Reus, alors célèbre dans le monde entier. Le modernisme est bien représenté à Salou, comme partout sur cette côte où la bourgeoisie catalane installait ses résidences d’été.
Le charme de la côte
On y admire de superbes chalets de villégiature : le Xalet Bonet, avec ses fenêtres à redans et ses escaliers ornés de céramique, la villa Enriqueta, les sgraffites de la villa Sol i Mar, ou encore les chalets Mallorquí et Torredemar. Ces demeures, entre fantaisie décorative et rigueur balnéaire, rappellent l’élégance d’un autre temps. La ville est extrêmement animée, avec de nombreux commerces, cafés, restaurants et bars de nuit, sans oublier ses marchés hauts en couleur, typiquement méditerranéens et résolument joyeux. Un chemin côtier en caillebotis, solidement sécurisé par des garde-corps, serpente entre murs et falaises, au milieu des pins blancs et des lys de mer, ces végétaux autochtones emblématiques.Il relie la Punta de Sant Pere au Racó de Salou, en longeant plages, criques et falaises. Inspiré des anciens chemins de ronde, il permet de redécouvrir des zones naturelles longtemps inaccessibles. Le parcours traverse les plages de Ponent, Llevant, Capellans, Llarga, ainsi que de nombreuses criques spectaculaires comme Cala Llenguadets ou Cala Crancs. Il dévoile aussi des vestiges historiques (lazaret, bunkers) et plusieurs belvédères naturels. Le phare imposant, surmonté d’une tour centrale rouge, fut mis en service en 1858. À l’époque, il diffusait une lumière blanche, visible jusqu’à 14 milles nautiques, grâce à un système d’éclairage alimenté… à l’huile d’olive. Il balise encore aujourd’hui le golfe de Sant Jordi de son éclat régulier. Juste à côté, la maison du gardien et celle de l’ingénieur témoignent d’une époque où l’automatisation n’existait pas encore. Décidément, le pittoresque est au rendez-vous ! Les criques profondes rappellent le temps où des pirates s’étaient établis ici, entre Tarragone et le delta de l’Ebre, pour intercepter les cargaisons les plus précieuses. Envie d’histoire ? Le site protohistorique de La Cella, avec ses rues anciennes, invite à explorer le passé, tout comme la villa romaine de Barenys, dédiée à la production d’amphores, ou le gisement de Kallipolis, cité active du IIIe siècle av. J.-C. au IIe siècle apr. J.-C. Salou possède tous les marqueurs d’une épopée méditerranéenne riche et lisible. C’est en 1865, avec l’arrivée du chemin de fer, que Salou noue son destin touristique : la mer devient accessible à tous, notamment aux habitants de Reus. Mais la ville possédait déjà un riche passé. La vieille ville conserve l’église Santa Maria del Mar, édifiée en 1776, avec son clocher-mur baroque et ses peintures murales réalisées en 1964 par Josep Grau Garriga et Lluís Maria Güell, deux artistes catalans de renom. Mentionnons également la Torre Vella, construite en 1530 à l’initiative de l’archevêque de Tarragone pour protéger la ville des razzias barbaresques qui sévissaient alors sur la côte.
Une énergie toute l’année
Cette imposante bâtisse, à l’architecture carrée et sobre, témoigne encore de son rôle défensif. Elle abrite aujourd’hui un centre d’art réputé, dédié notamment aux expositions d’émaux contemporains. Offrez-vous une curiosité locale : la Masia Catalana. Construite en 1974 et rénovée en 2011, elle recrée l’univers rural catalan sur 5 260 m² avec espaces verts, aires de jeux et bâtiments restaurés, et se transforme chaque été en un lieu animé où se tient un marché artisanal nocturne très prisé. Cette évocation de la vie rurale de ces terres du sud prend la forme d’une grande maison paysanne reconstituée dans les années 1970, qui accueille en nocturne un marché artisanal. Un peu folklorique, certes, mais instructif. Enfin, ne vous privez pas de la fraîcheur du parc de la Ciutat, un espace vert très agréable où il fait bon marcher, jouer ou courir : l’arrière-saison catalane offre souvent un soleil redoutable. D’ailleurs, Salou est bien plus qu’une cité balnéaire. C’est une destination sportive de premier plan. On y pratique le football, la voile, le patin à voile, mais aussi le cyclotourisme, le triathlon ou encore le golf. Salou accueille régulièrement de grandes compétitions nationales et internationales telles que le Challenge Salou, le Rallye RACC Costa Daurada, le Raceboard World Championship, la Mare Nostrum Cup ou encore le Rally Legend Costa Daurada. Cette énergie se traduit aussi par de grandes fêtes populaires, dont celle de la Ségregation, célébrée le 30 octobre, marquant la création de la commune. Au programme : une immense paella populaire avec plus de 100 kilos de riz « bomba » du delta de l’Ebre, une offrande florale, un « cercavila » haut en couleur avec des canons, des diables, des bruixes, des gegants, des nanos, une mulassa, et des danses traditionnelles spectaculaires comme le « Ball de Bastons », le « Ball d’Espases », ou le « Ball de Panderos ». Et, par-dessus tout cela, comme le chantait Bécaud, planent les effluves d’arrossejats, de plats de poisson mijotés et de vermouth : le tiercé gagnant des terres du Sud. Une dose de patrimoine inspiré de Reus, une dose de romanité empruntée à Tarragone, une autre de noblesse marine soufflée par Cambrils, et voilà, avec un trait marqué de douceur de vivre et un zeste de plaisirs sportifs, le cocktail qui rend Salou irrésistible… et addictive !
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