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Eus

02 Fév Eus

Clic clac

Depuis la route, Eus ressemble à un grand manteau à damier de pierres et de briques, négligemment jeté sur la colline et surmonté d’une sorte de couronne minérale, l’église fortifiée qui domine la plaine, construite sur les ruines de l’ancien château. Une royale silhouette pour l’un des plus beaux villages de France, presque toujours noyé de soleil, puisqu’il est aussi un des plus ensoleillés de l’hexagone.

Travelling avant

à la montée, on butte d’abord sur une très belle église romane, une chapelle à double nef partiellement en ruine, la chapelle Saint Vincent dite « du bas ». Ici, on est encerclé par le ciel ! Les lacets s’élancent à flanc de montagne. Les maisons, construites sur des terrasses, font face au Canigou qui semble veiller sur elles de toute sa hauteur, là-bas, de l’autre côté de la nationale. La montagne semble se retourner pour regarder une dernière fois l’ancien village de Coma, masqué par la butte, abandonné dans les années soixante.

Zoom

Les rues pentues, pavées de galets ronds et glissants, passent de placette en venelle. Le thème du lézard est omniprésent, tagué sur les murs, dans les noms des restaurants. On appelait autrefois les habitants d’Eus les lluerters, les dompteurs de lézards ! Ici, on a tenu tête aux Français au XIVe siècle, puis aux Espagnols au XVIIIe, sans état d’âme, juste soucieux de protéger la beauté des pierres qui embrassent de petits jardins débordants de fleurs et un mode de vie sublimé par le hiératisme grandiose des petites maisons de pierre.

Travelling arrière

Galeries de peinture, ateliers d’artistes et d’artisans d’art jalonnent les rues. Ils sont nombreux à être venus ici chercher la lumière du Conflent et le tutoiement du Canigou, comme le grand peintre auvergnat Jean Labellie, inspiré depuis des décennies par le village. En parallèle, les maisons rivalisent de beauté : gouttières émaillées, fers forgés ouvragés, plantes penchées aux fenêtres comme pour regarder passer les chalands ; dans les moindres détails, Eus impose son amour du beau.

Flou artistique

L’église fortifiée, énorme, presque disproportionnée, est dotée d’un clocher porche à base carrée qui évoque davantage un donjon qu’une construction religieuse. Elle se structure autour d’une nef unique. Le maître-autel et le retable du rosaire sont remarquables ainsi que la rodella, la cloche à carillon qui accompagne depuis des siècles offices, baptêmes et mariages. Sur la place, en contrebas, s’ouvre la Fond’action Boris Vian créée par sa veuve aujourd’hui disparue qui a doté la ville d’un festival prestigieux les « Nits de cançó i de música ».

Contre champ

Dans la rue principale, un bâtiment moderne entouré de jardins constitue le cœur du village, joliment appelé « Maison du temps libre ». En repartant vers la plaine riante et le large ruban du fleuve nourricier, on se dit qu’Eus au fond, c’est ça. Cette envie de prendre son temps, de contempler la nature, de se laisser inspirer par la beauté étrange des lieux. C’est comme si Eus imposait son propre temps, hors du stress et d’une certaine façon, hors du monde.

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