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Joyau marin

01 Août Joyau marin

La Côte Vermeille, avec ses paysages à couper le souffle, mérite une protection particulière. Elle s’inscrit logiquement à la fois dans le Parc Naturel Marin du Golfe du Lion et en partie dans la Réserve Naturelle de Banyuls-Cerbère, créée il y a cinquante ans déjà, entre la précieuse anse de Paulilles et la frontière. C’est la seule réserve exclusivement marine de France.

Devant le caractère à la fois endémique et fragile de la faune et de la flore, et aussi l’afflux des touristes, plaisanciers, plongeurs et baigneurs à certaines époques de l’année, la protection de ce site marin est apparue indispensable au Conseil Départemental. Le Parc Naturel est chargé de conserver les habitats originels de toute la faune et la flore, en les appréhendant dans leur complémentarité naturelle. Il contrôle les activités humaines sur la zone, les encadre et assure toutes les opérations d’information et de médiation pour sensibiliser le public à la valeur inestimable de ce trésor naturel. La Côte Vermeille abrite 1200 espèces de poissons, crustacés et coraux. Certaines populations, comme les mérous, les corbs, les sars, les mostelles et les langoustes, ont été préservées et renforcées, tandis que d’autres, comme le corail rouge, la grande cigale et le grand dauphin, bénéficient d’une protection stricte. 500 espèces végétales, dont de vastes champs de posidonie, reçoivent également des soins attentifs. En tout, ce sont 7 km de côte sur 1,5 km qui constituent la réserve. Ils se divisent en différentes intensités et saisonnalités de protection, à savoir une zone de protection partielle dans laquelle des activités humaines demeurent possibles, une zone de protection renforcée, une zone de mouillage contrôlé et un fabuleux sentier sous-marin. Pour le mouillage, 29 bouées sont disponibles pour les embarcations du 1er avril au 30 novembre et 10 bouées du 1er décembre au 31 mars. De l’île Grosse au Cap Peyrefite, la Côte Vermeille révèle un monde sous-marin époustouflant, où les montagnes, canyons et steppes marines se reflètent en miroir. Les roches jouxtant les flots, toujours humides et souvent trempées par les embruns, sont littéralement squattées par les crustacés. Juste en dessous, là où les vagues déroulent toute leur force, une plate-forme composée d’algues calcaires forme un premier niveau, une sorte de palier de déferlement. Entre 15 et 30 mètres de fond, vous découvrirez les herbiers de posidonie, de véritables prairies aquatiques prospères qui hébergent diverses espèces de poissons, poulpes et éponges. Ainsi, saupes, daurades et sars pour les uns, hippocampes mouchetés, petites étoiles de shérif, grandes cigales de mer et grandes nacres pour les autres cohabitent en toute quiétude. Un peu plus bas, un peu plus profond, se trouve le coralligène avec ses plus de 500 invertébrés. L’oursin violet, le doris dalmatien et l’éponge pierre colonisent les champs de gorgones et de coraux rouges créant une palette de couleurs merveilleuses. C’est le domaine des mérous, murènes, rascasses qui affectionnent les fonds rocheux avec lesquels ils adorent se confondre. De leur côté, la raie blanche, la torpille marbrée et la baudroie commune se blottissent dans les fonds boueux et vaseux où elles côtoient les roussettes et les uranoscopes. Plus rarement, le requin pèlerin, le grand dauphin et la tortue caouanne fréquentent la zone au large de la côte, pour que nul n’oublie l’immensité de la Méditerranée. Ce monde du silence est un microcosme, un kaléidoscope éblouissant, juste séparé de nous par la surface de l’eau. La Réserve Marine a obtenu la labellisation « liste verte » attribuée par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) en 2013.

Des chemins de lumière

Elle fait partie des 39 sites récompensés par le Marine Conservation Institute pour sa préservation de la biodiversité et des écosystèmes marins. Une merveille de pureté à ne pas manquer. Même si tout le monde ne plonge pas au plus profond de la mer, ceux qui ont tenté l’aventure dans ces eaux enchantées sont revenus émerveillés par les vues incroyables qu’ils ont admirées. Si vous ne souhaitez pas vous lancer dans la découverte directe des profondeurs, si vous êtes résolument phobiques à l’idée de vous immerger en totalité, il existe en réalité deux autres façons de découvrir la Réserve, dont une totalement terrestre, rassurez-vous. La visite du Biodiversarium de Banyuls et en particulier de son aquarium, le plus ancien d’Europe, va vous mettre en présence des mêmes espèces que celles de la Réserve dans 37 bassins qui reproduisent chaque environnement en détail et dans des conditions de proximité incroyables, de part et d’autre d’une vitre qui vous permet de voir tous les détails morphologiques de chaque animal et d’engager, qui sait, un dialogue avec lui en le regardant sous tous les angles. Traditionnel, certes, mais terriblement efficace. Il y a mieux encore, à savoir le sentier sous-marin de la Baie de Peyrefite. Ce parcours de 1,5 km à parcourir à la nage, équipé d’un tuba et de palmes, vous permet d’admirer les fonds rocheux et de découvrir la vie sous-marine. Des panneaux pédagogiques fixés sur des bouées vous fournissent des informations fascinantes sur la faune et la flore marines que vous rencontrez.

Masque et tuba… Vive le snorkeling !

Cette expérience, beaucoup moins sportive que la plongée en bouteille, est accessible à tous ceux qui barbotent plutôt bien, elle est vraiment magique. Vous pouvez même opter pour des tubas FM qui accompagneront votre promenade de commentaires ad hoc. Selon les attentes des participants, ce parcours sportif peut devenir une véritable aventure pédagogique et foisonnante d’informations tout en restant ludique. D’ailleurs, l’aventure est intergénérationnelle et concerne même des groupes scolaires. Grands et petits sont ravis de pouvoir effleurer les poissons et de se faire encercler par une farandole de couleurs et de formes douces en regardant l’ondulation subtile des posidonies. Bien évidemment, la fréquentation de ce sentier atypique est très encadrée : il ne s’agit pas de perdre de vue le premier objectif, la protection. Et comme sur le plancher des vaches, il suffit de regarder : drapeau vert quand tout est fluide, drapeau orange quand le sentier est un peu encombré et drapeau rouge quand les animaux sont stressés par le nombre de visiteurs et qu’il convient de s’abstenir. Apparemment, la formule fonctionne parfaitement puisqu’ils ne sont pas moins de 25 000, tous les ans, à parcourir ce chemin de lumière et de couleurs. Voilà qui devrait donner envie à beaucoup de poursuivre l’aventure en solo ou entre amis, en faisant du snorkeling le long de la côte, attentifs à la vie tout autour, aux habitats et aux beautés géologiques. En cinquante ans d’existence, la Réserve a permis de reconstituer des populations végétales et animales en voie de disparition, de les protéger aussi de tous les trafics notamment ceux liés au précieux corail rouge qui a fait la richesse de la côte catalane pendant des siècles et qu’une exploitation peu scrupuleuse avait presque totalement détruit. Grâce à elle, des milliers de visiteurs, des centaines d’élèves et d’internautes ont pu découvrir la fascinante beauté de ce contre-ciel aussi vermeil que son pendant terrestre, caché aux regards par le miroir changeant des eaux. Explorez la Côte Vermeille et laissez-vous charmer par ses paysages époustouflants, sa biodiversité exceptionnelle et son atmosphère méditerranéenne unique.

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