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L’écoparc catalan

30 Sep L’écoparc catalan

L’écoparc catalan est tout simplement le parc éolien le plus puissant de France avec la production de ses 35 éoliennes soit  96 MW capables de couvrir les besoins de toute la population de Perpignan. Au fil des années la forêt graphique de ses énormes moulins à vent ont fini par signer le paysage. 

Il a fallu convaincre les maires des quatre villages concernés, à savoir Baixas, Calce, Pézilla la Rivière et Villeneuve la Rivière, puis lancer une concertation nourrie pendant sept ans, avant d’atteindre ce résultat qui marie patrimoine et modernité, production industrielle et écologie. à l’arrivée, de nombreuses visites guidées racontent aux visiteurs l’épopée de l’énergie éolienne et ses enjeux écologiques en mêlant avec bonheur éléments patrimoniaux, scientifiques et naturels. Des balades ludiques et aussi des applications d’Espace Game sur diverses thématiques conçues pour tous les âges autour d’un titre ombrelle « Enquête à l’Exposition Universelle ». Pour aller plus vite et allier les sites, l’artisanat et bien sûr l’œnotourisme, vous avez le choix entre le vélo, vos pieds et… la trottinette électrique ! Quel que soit le moyen de locomotion que vous élirez, vous serez bluffé par la beauté des paysages et des centres anciens qui vous livreront petit à petit leurs mystères. Ici, la nature est grandiose. C’est l’endroit précis où la plaine du Roussillon semble prendre son élan pour dessiner les premiers contreforts des Corbières, le royaume minéral d’une débauche d’essences méditerranéennes odorantes, accrochées à la roche calcaire. 

Baixas, pour l’amour du vin

Arriver à Baixas, c’est parcourir le boulevard qui longe la Cellera (espace sacré qui entourait les églises où toutes violences étaient proscrites) en circulade. Cette route moderne, qui mène aux constructions les plus récentes du village, garde le geste ancestral de remparts en grande partie disparus. Les vastes portails sont ourlés du marbre blanc issu des carrières qui trouent, là-haut les premiers contreforts des Corbières, et accompagnent l’enfouissement végétal des anciens fours à chaux. Le cayrou régulier des belles demeures cossues indique l’existence d’une aristocratie née des ceps de vignes. Il  répond aux sublimes volumes de l’église Sainte Marie, un chef d’œuvre de l’art gothique illuminé par les ors rutilants de son énorme retable baroque. Tout autour, les renflements doux des collines prennent des airs de campagne romaine pour accueillir la fraîcheur d’un vieux lavoir alimenté par une jolie fontaine ou la grâce d’un ermitage blotti au cœur de vénérables oliveraies. Terre de vins, Baixas est aussi une terre d’artistes. Il suffit de gravir quelques drailles perdues, dans les odeurs de thym et le bruissement joyeux des insectes, pour contempler du haut de la crête, la ligne bleue des flots. Le village de Calce cache ses rues pentues et sinueuses au détour d’un virage qui surplombe les rencontres furtives et répétées de la vigne et de la garrigue dans un chassé croisé qui mène à la mer, tout là-bas. Jadis dominateur, le vieux château avec son petit jardin et sa poterne, se blottit aujourd’hui entre les belles maisons de pierre, vaincu par le poids des siècles. 

Calce, perle sauvage

Une belle promenade, verte et douce, longe le flanc de la colline dont elle surplombe le ravin sous le regard éteint de la veille église. Ici, le vin mûrit dans une douzaine de petites caves artisanales amoureuses de l’excellence, du naturel et de la belle ouvrage. On goûte ces vins bios dans le charmant restaurant qui préside la place centrale, après avoir déambulé d’un atelier à l’autre, entre potiers et plasticiens. La nature règne en maître sur ce village farouchement vert, fier de sa bergerie. Entre les vignes vallonnées, que l’on devine jalousement bichonnées s’est installé une sorte de mas fortifié aux beaux vestiges gothiques, le château Las Fonts, haut lieu des manifestations culturelles et protocolaires. Il y a dans l’air quelque chose de très doux, très accueillant, qui donne envie de se poser. 

 Villeneuve les pieds dans l’eau

L’eau étreint le village de Villeneuve la Rivière dans un baiser murmurant et fluide. Elle dessine de ses canaux tressés un joli damier un peu troublé par l’enjambement de petits aqueducs de brique qui longe l’impeccable cellera carrée, organisée autour de son église. Par endroits on pense à une cité lacustre, insolite au milieu des riches jardins du Riberal. Dans l’ancien prieuré vécurent le peintre Garcia-Fons et son épouse. Juste à côté Louis Pasteur en personne vint se pencher sur les ravages du phylloxéra, il y a un peu plus de 150 ans. Au bord de l’eau, un vieux moulin cache la beauté de son bief longé d’une  promenade fleurie et peuplée d’oiseaux. Idéal pour lire ou méditer loin des facteurs de stress. Ici la nature est partout : dans la belle forêt de cèdres aux aiguilles bleutées, dans la grande prairie longée d’un beau chemin creux entre les arbres de rivière… On devine la Têt proche et souveraine, et pourtant le choc est là : Villeneuve dispose d’une véritable plage de roche, sculptée dans le calcaire, ouverte en surplomb sur un magnifique gouffre. Encore une histoire d’eau qui nimbe Villeneuve de mystère.

Pézilla, en català si us plau !

Pézilla la discrète regorge de curiosités architecturales comme bien sûr, sa colossale église néogothique des Saintes Hosties, une belle demeure aux influences art-déco signées de l’architecte danois Viggo Dorph Petersen, ou encore un bijou dû au génie catalan de Gustave Violet, la belle maison moderniste du poète Pau Berga avec son incroyable frise de céramique. Mais bien sûr, la merveille absolue reste la cellera, dense, intacte, magnifiquement restaurée. Sa jolie calade moderne débute à la porte qui s’ouvre sur la grande place, bordée de platanes, dédiée à Josep Sarda-Garriga, grand abolitionniste et enfant du pays. Des végétaux fleuris égaient les ruelles qui mènent à la médiathèque Ramon Llull. Elle garde, sous le verre, un pan de l’ancien pavage ornemental. Son énorme terrasse domine tout le village, le damier des cultures, le rideau des arbres bordant la Têt et là-haut, au loin, le formidable élan du Canigou. Idéal pour contempler les deux clochers, le religieux et le civil, comme si le bon sens populaire répugnait à choisir entre la terre et le ciel. Et au-dessus de ce monde, tranquille, occupé à puiser le meilleur de la terre, tournent les grandes pales des échassiers de fer qui emprisonnent la chanson sans fin de la Tramontane. L’écoparc ne se raconte pas, il se vit !

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