02 Août Visa pour l’Image / Festival International du Disque et de la BD
A Perpignan, comme dans toute la Méditerranée, l’été ne craint pas l’automne, bien au contraire. Il faut dire que la fin de l’été apporte son lot de joyaux avec deux festivals totalement uniques et sans équivalent dans le monde.
On ne dure pas plus de trente ans sans avoir à la barre un capitaine avisé, courageux et surtout passionné. S’il fallait rapprocher Visa Pour l’Image et le FID & BD (Festival International du Disque et de la Bande Dessinée), il faudrait commencer par la personnalité hors normes de leurs directeurs artistiques, deux forts en gueule un poil excentriques, qui ont su l’un et l’autre fédérer une équipe d’inconditionnels, inchangée depuis le début de l’aventure. Il faut aussi souligner le caractère indémodable des deux concepts, assez élastiques pour traverser les époques en s’adaptant aux évolutions techniques et sociétales. Avec Visa pour l’Image et le FID, Perpignan prend toute sa place de capitale culturelle et transcende magistralement sa position géographique. Depuis trois décennies, Perpignan est la capitale mondiale des passionnés de la photographie et en particulier du photojournalisme pour quelques jours. Le miracle se reproduit tous les ans, quand vient la première semaine de septembre. Retour sur un prodige toujours renouvelé. à la fin des années 80, le maire de Perpignan, Paul Alduy, cherche un événement capable de propulser la notoriété de Perpignan. Roger Thérond, alors directeur de Paris Match, a une idée de génie, qu’il fait aussitôt soutenir par Hachette Filipacchi, Central Color et Dupon : créer un Festival International du Photo-reportage pour rendre hommage à la profession. Dans la foulée il crée un véritable marché pour les agences de presse et les photographes et jette ainsi les bases de Visa pour l’Image tel que nous le connaissons. C’est aujourd’hui Jean-François Leroy qui préside aux destinées du festival, devenu tout simplement le plus important du monde. L’homme bien connu pour ses sorties à l’emporte-pièce et son professionnalisme ombrageux, dirige le timon de main de maître. Aujourd’hui, le vœu de Paul Alduy est exaucé bien au-delà de ce qui semblait initialement possible. Il faut dire que tous ses successeurs ont joué le jeu ! Perpignan est tous les ans, pendant trois semaines, la capitale mondiale du photojournalisme. Une aubaine en termes de retombées économiques avec 3000 professionnels venus des quatre coins de la planète installés dans la ville et des dizaines de milliers de curieux heureux qui se précipitent pour contempler les expositions ! La recette est immuable : d’abord de grandes expositions gratuites dans les lieux les plus emblématiques du centre-ville de Perpignan, histoire de faire découvrir le patrimoine secret de la capitale des Rois de Majorque. L’église des Dominicains et le Couvent des Minimes constituent l’épicentre du séisme Visa. Cette année, les visiteurs pourront admirer les reportages suivants : « Vie et mort à la 2e vague de Covid » de Saddiqui, ou encore « L’éthiopie sombre dans le chaos » de Tigré, « The Ameriguns » de Galimberti, « Le télétravail » de Jérôme Gence, « La Syrie 10 ans de guerre », de l’AFP ou « Mon Portugal » de Melo Moreira. Pendant une semaine du 30 août au 4 septembre dans le cadre sublime du cloître-cimetière du Campo Santo, la projection du soir déroule tous les événements de l’année, à raison d’un trimestre par soirée : Invasion du Capitole par les militants de Trump, Crise au Liban, Conflit en Syrie, Crise climatique, Forêt amazonienne, Réfugiés de Lesbos, les thèmes sont variés et brûlants, accompagnés de commentaires pertinents et frappants. à l’issue des projections sont attribuées les récompenses : Visa d’or News, Visa d’or magazine, Prix de la Ville de Perpignan, Bourse Canon de la femme photojournaliste, Bourse Canon du court métrage vidéo, Prix Camille le Page, Prix Yves Rocher… En Parallèle, une série de conférences, de rencontres, de tables rondes animent le Palais des Congrès et les stands de la librairie Sauramps ou de l’Association Nationale des Iconographes. Pendant les deux dernières semaines, du 6 au 18 septembre, les photographes de Visa deviennent les guides des scolaires et commentent les expositions pour plus de 5000 élèves venus de toute la région Occitanie, initiant ainsi les festivaliers de demain. Professionnels, amoureux de la culture ou simples citoyens curieux de comprendre le monde ont fait de Perpignan leur destination privilégiée de fin d’été : cette année, Visa fêtera ses 33 printemps !
Le Festival International du Disque et de la BD : un OVNI signé Casagran
Jean Casagran, dandy assumé, designer aux Poupées Bella, génial commissaire d‘expositions, grand dalinien devant l’Eternel et catalaniste distingué, a crée cette manifestation pour le moins atypique il y a 33 ans ! Non seulement elle n’a pas pris une ride, mais elle démontre chaque année sa pertinence par rapport à l’air du temps et son côté pop-rock méditerranéen, indémodable et transgressif ! La première année, en 1989, une trentaine de stands seulement avait répondu présents. Depuis, une centaine d’exposants triés sur le volet, venus de toute l’Europe se donnent rendez-vous en Roussillon pour honorer les 33, 45 ou 78 tours de légende. Ce festival est ainsi devenu plus qu’une simple exposition pour collectionneurs avertis. C’est aujourd’hui un lieu de rencontres prisé de tous les acteurs des métiers du disque. Les disquaires, bien sûr, mais aussi les responsables de studios d’enregistrement, ou encore les concepteurs de pochettes, les dessinateurs, les photographes, les réalisateurs de clips ou les critiques spécialisés. Les nombreux stands de disquaires vous permettront de dénicher le CD ou le disque vinyle introuvable de Los Brincos, de Radiohead ou de U2 qui manque dans votre collection. C’est aussi un salon destiné au plus grand nombre où l’on trouve des disques à tous les prix et de tous les genres. Parallèlement à cette messe pour chineurs se bousculent de grands, très grands dessinateurs, prompts à dégainer le stylo pour dédicacer leurs ouvrages. Cette année, parmi les invités : Charles Berberian, Jean-Claude Denis, Jeff Pourquié, Antonio Lapone, Riff Reb’s, Jean Solé, Jacques de Loustal, Toni Benages, Nicolas Moog, Frédéric Bézian, Aurelio, Philippe Bringel, Altimiras, Steve Golliot-Villers, Marcel Pixel, Elric Dufau et Quentil Harel auxquels il convient d’ajouter les écrivains Stan Cuesta et Jean-Pierre Dionnet.
Des expositions uniques
Du beau monde heureux de se retrouver à Perpignan et de répondre à l’appel de l’ami Jean. Les expositions ne sont pas en reste avec, du 25 septembre au 30 octobre à la Médiathèque. « Une époque fantastique » par Charles Berberian, du 24 septembre au 19 décembre à El Mediator. « Rock’n’Roll » par Charles Berberian et « DJ Battle en série » par Riff Reb’s, du 25 septembre au 31 octobre à la chapelle de la Funerària. « On Air : Music, glamour and girls » par Antonio Lapone, du 25 septembre au 31 octobre à la chapelle du Tiers-Ordre, « Squares : Idées claires / idées noires » par Steve Golliot-Villers… Sur les cimaises de Perpignan, le 8e art prend toute sa place. Jeudi 23 septembre, soirée d’ouverture du FID & BD au Castell Embruixat à Saint Hippolyte avec Jean-Pierre Dionnet suivi du concert Mandrake (spécial Jimi Hendrix). Le vendredi 24, concerts, dédicaces, vernissage d’expos et DJs Battle. Le samedi 25, concerts dessinés au Mediator avec Lord Diabolik et The Da Freak à partir de 21 heures. Dessin, musique, samples, on ne sait plus trop comment classer l’événement, mais on se laisse happer par l’évidence des talents en action. L’ensemble des manifestations liées à cet événement est totalement gratuite. Les cartels et la communication bilingues français-catalan, autant que son côté déjanté chic, valent à la manifestation la présence d’un public nombreux de sud-catalans. L’affiche, éditée en différents formats s’arrache ! L’atmosphère cosmopolite et animée qui caractérise Visa pour L’Image trouve ici un prolongement plus identitaire dans lequel les autochtones, libérés du poids de la saison estivale prennent toute leur place. Jean le magicien est loin d’avoir livré tous ses sortilèges : ne parle-t-il pas déjà de l’édition 2022 ? Septembre à Perpignan ressemble à une rose qui explose dans la plénitude de son fleurissement, juste avant que ses pétales ne tombent, magnifique. Deux festivals hors pair vous y attendent et vous invitent à vivre vos émotions sans limites !
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