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Encamp, Terre d’altitude

26 Juil Encamp, Terre d’altitude

Elle est la région andorrane de tous les superlatifs. La paroisse d’Encamp et ses montagnes, campées entre 1200 et 2874 mètres d’altitude (l’Alt del Griu) cultivent une zen attitude aussi inattendue que surprenante. Territoire de nature et de culture, de contrastes saisissants, Encamp cumule les distinctions de qualité de vie et de tranquillité. Une vraie bouffée d’oxygène pour tous ceux qui cherchent à donner un nouveau souffle à leurs verts chemins de traverse.

Un éclat de rire en guise de réponse :  « Pourquoi on irait vivre ailleurs ?! La paroisse d’Encamp, c’est le paradis sur terre. Ici, on est riches de tout. Entre la ville d’Encamp, les quartiers de Vila, de les Bons, la Mosquera, du Tremat et le Pas de la Casa, on gagne à tous les coups ! La nature à profusion et le shopping de haut niveau à des prix que tout le monde nous envie ! » Et Pau, en bon ambassadeur, assis en terrasse de café, d’enfoncer le clou avec une énumération sans fin de toutes les associations sportives existantes et surtout de toutes les fêtes « qui font le ciment des Encampadans. Surtout la Festa Major et les feux de la Sant Joan ! » Avouons que la paroisse d’Encamp, l’équivalent des communes dans d’autres pays, aime particulièrement jouer avec le haut du tableau. Sur les sept paroisses que compte la Principauté, Encamp est deuxième sur le podium. Elle couvre 18 % du territoire. Plus surprenant, elle affiche l’espérance de vie la plus élevée du monde selon l’OMS. 

Vertige géographique et biodiversité unique

Naître ici, c’est la promesse de vivre jusqu’à 86 ans pour les femmes et 80,7 ans pour les hommes, soit une moyenne de 83,4 ans. Pour un taux de mortalité le plus bas de tous les pays de l’Union Européenne. Des chiffres-bonheur et un tableau idyllique au sens propre puisqu’il a même inspiré Pablo Picasso. Le fondateur du Cubisme s’est en effet largement laissé inspirer par le peuple andorran. Le peintre moderniste barcelonais Joaquim Mir, subjugué par ses trois séjours andorrans, a également laissé une centaine de toiles dédiées à ce petit pays perché. Dire que cette paroisse-là en met « plein la vue ». Une réalité qui crève la rétine d’un vert émeraude joyeusement marié à un camaïeu de bleus. Le patrimoine naturel est ici délicieusement meringué de mentions spéciales. Incroyable mais vrai, le territoire d’Encamp brille d’une vallée glaciaire déclarée au Patrimoine Mondial de l’Unesco, le Vall Madriu, et abrite l’un des plus grands domaines skiables d’Europe (la station du Pas de la Casa au sein du domaine skiable Granvalira) à 2000 mètres d’altitude. Sur les plus de vingt étangs qui appartiennent à la paroisse d’Encamp, nous retrouvons l’estany de l’Illa et son refuge surveillé, deuxième plus grand du pays avec 13 hectares de superficie et le Cirque des Pessons faisant figure de plus grand cirque glaciaire granitique d’Andorre ! N’oublions pas, bien évidemment, les 15 pics qui couronnent le ciel bleu d’Encamp. Le plus élevé, l’Alt del Griu culmine à 2874 mètres d’altitude. Folie des grandeurs, vertige géographique et biodiversité unique. Près de la moitié de la superficie nationale occupée par les forêts, la biodiversité andorrane est d’une grande richesse. Et Encamp de récupérer encore et encore les lauriers d’une faune foisonnante. Traquet motteux, rougequeue noir, vautour, milan noir, gypaète barbu, aigle noir, corneille… dessinent le ciel en crochets secs et courbes majestueuses. Au sol, isards et renards, martres et marmottes, chevreuils et hermines donnent le tournis d’un carnaval des animaux à la Saint-Saëns. Un solfège de pleine nature que vient éclabousser l’authentique truite Fario, reine du Cercle des Pessons, lieu unique de reproduction de l’espèce sans intervention humaine. Surtout ne pas dénaturer. Les hommes et les femmes du territoire d’Encamp se sont depuis toujours évertués à respecter leur environnement. Le secteur primaire a longtemps maintenu sa tradition en s’appuyant sur la pêche, l’agriculture et l’élevage. 

Sur les traces du pastoralisme

De cette fière ruralité, les « orris » en sont aujourd’hui encore les fiers témoignages. Ces abris de bergers, anciennes installations d’estive en haute montagne, servaient à la traite des brebis ou des chèvres et à la fabrication du fromage d’orri. Cabanes simples à l’architecture vernaculaire, elles dessinent encore le réseau d’un pays anciennement paysan. Pépites de techniques de construction ancestrale, huit de ces hauts-lieux du pastoralisme ont peu à peu été redécouverts dans le secteur d’Encamp. Ils sont depuis peu intégrés à trois itinéraires de la « Ruta dels Orris ». L’orri del Cubil reste le plus emblématique. Construit de pierre et de terre au XVIIIe siècle, récemment réhabilité, il abritait les bergers durant l’été quand leurs bêtes montaient en estive. Plusieurs cabanes de traite et de fabrication de fromage ont également été sauvées de l’oubli et ressuscitées dans un cadre enchanteur. Architecture, nature, aventure. Porte d’entrée de la Vallée du Madriu-Perafita-Claror, la paroisse d’Encamp compte quatre itinéraires éco-touristiques. Celui du Cirque des Pessons, à l’extrême nord-est, zone emblématique du pays, est constellée d’étangs. Mais également celui du Bosc de Campeà, immense étendue de pins noirs ou encore celui de l’Alt del Griu, habité par une faune extraordinaire. La Collada de Beixalis et le Pic de Padern viennent clore ce quatuor de la montagne du silence, bercé par la lente spirale des rapaces en vol. 

Hameau de Les Bons : la pépite pittoresque à souhaits

Pris dans cette cartographie de l’esquive, on n’oubliera pas de redescendre vers la ville d’Encamp. Rurale et bucolique, elle apparaît comme un décor de brochure. à peine 8 000 habitants, disséminés le long de la rivière la Valira, plongés au cœur des quartiers de la Mosquera et du Tremat sous le regard bienveillant d’églises, de clochers et de chapelles d’intérêt historique et artistique. Les fresques de l’église Sant Miquel de la Mosquera et l’atmosphère divine de cet édifice religieux ne manqueront pas d’interpeller vos rêves d’élévation… Mais c’est à Les Bons qu’il faudra oser s’aventurer. Un hameau médiéval perché, dont la date de fondation remonte à l’an 1162. Aujourd’hui, une vingtaine de maisonnettes de pierre, jalonnées de cours, de granges, de passages couverts et d’un colombier s’agglutinent dans un joyeux dédale en escaliers. C’est sur la partie haute qu’apparaît la silhouette si caractéristique d’Encamp… Elle recèle en effet quelques trésors architecturaux tels que le château de les Bons, l’église de Sant Romà, la Torre dels Moros et la réservoir d’eau baptisé « la bain de la reine Mora ». De pierre et d’eau, portée par un bleu-vert tout en partie de cache-cache, la paroisse d’Encamp prend le contre-pied de sa voisine du Pas de la Casa. Là, où la folie du shopping à prix détaxé s’invite en toute complémentarité. Terre d’altitude, mais aussi de contrastes, Encamp est joueuse. à l’image de sa mairie de 7 étages, construite en 1987 dont l’architecture avant-gardiste et futuriste attire instantanément le regard. Géométrique, conçu comme un miroir géant, reflet des quatre saisons, l’édifice administratif est surveillé par des minotaures qui ne sont autre que des vaches au velours lustré et aux longs cils… Clin d’œil entre nature à la culture, passé et présent. Encamp, c’est cadeau !  

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