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Lacs de Cerdagne

01 Août Lacs de Cerdagne

Matemale, Les Bouillouses, Puigcerdá et Osséja. Loin du tumulte des plages du littoral, nous vous proposons un été lac, hamac et bivouac juste au pied des plus hauts sommets, presque au creux du ciel
Tout le monde n’aime pas la mer. Qui plus est, en été, quand elle est surpeuplée. De plus en plus de personnes se laissent tenter par la douceur et la quiétude des lacs. Autour de ces retenues d’eau, loin de l’excitation des plages de notre littoral, l’esprit se met en vacances, les lacs imposent leur rythme. La variété et la diversité des activités sont autant de « cartes-tranquillité » à jouer pour des vacances en famille réussies, épanouissantes pour tous. Chacun sa profondeur, chacun sa couleur ! Dans leur miroir, leur identité propre. Du plus grand au plus petit, du plus sportif au plus reposant, petit tour d’horizon de quatre de nos lacs catalans.

lacs2Commençons par le plus frais, le plus ombrageux : Matemale : « la Capcir-Beach »Depuis le bord de la route qui mène aux Angles, on ne voit que lui ! Partagé entre les communes de Matemale et des Angles, culminant à 1 500 mètres d’altitude, il est le point d’eau le plus important et le plus vivifiant du Capcir. Un coin de fraîcheur incontournable, surnommé même par les habitants des hauts Cantons : « La plage ». Tous les jours, en cette période de premières chaleurs, ce havre de paix fait le bonheur des petits comme des plus grands. La baignade toujours surveillée reste évidemment l’activité principale des autochtones comme des touristes. Nageurs et barboteurs ont des espaces bien distincts qui garantissent un moment agréable aux uns et aux autres. Une baignade toujours un peu fraîche car les eaux profondes du lac peinent à se réchauffer, même sous le soleil le plus ardent, mais une multitude d’activités nautiques est également proposée qui permet de goûter aux plaisirs de l’eau, tout en profitant de la douceur de l’air. Il est ainsi possible de louer pédalos, voiles et canots, avant d’aller (re)faire bronzette sur le sable ou sur des pelouses à la coupe irréprochable, avec vue sur l’interminable forêt de pins et autres résineux. Surplombant « la plage », cet écrin de verdure invite les baigneurs à prendre un bol d’air frais lors d’une promenade à cheval, et par là même à faire quelques rencontres impromptues… En effet, les chevreuils, les biches, et quelques petits rongeurs montrent de temps à autre le bout de leur nez, et il est évidemment conseillé de prendre un appareil photo pour immortaliser ce moment rare. Autre solution : le vélo qui se voit consacrer des kilomètres de pistes et, notamment, le tour du lac, toujours impressionnant. Dans la forêt encore, la compagnie des « Guides des Pyrénées catalanes » propose un parcours dans les arbres pour les 7 à 77 ans. Une activité gorgée d’adrénaline où il faut savoir écouter les conseils préalables afin d’éviter quelques petits désagréments et notamment les chutes impromptues. Frissons garantis ! Pratiquement les pieds dans l’eau, le mini-golf et le practice permettent de taquiner le club dans un décor lunaire, avec pour toile de fond le vieux clocher des Angles. Le lac de Matemale est un paradis qui convient à toutes les générations et à toutes les configurations : idéal pour un séjour en famille ou pour une belle sortie entre amis, il offre l’intimité de ses forêts aux couples en quête de solitude. En cas de petite fringale, deux possibilités s’offrent à vous ! Outre un coquet restaurant qui propose une carte aussi gourmande que variée, il est agréable de prendre place sur les aires de pique-nique. De sympathiques et ombragés coins grillades, aménagés par la municipalité, sont eux aussi pris d’assaut dès le matin. Le lac de Matemale invite au calme et à la détente, fraîcheur et ambiance familiale en plus. Et puis, il est à deux pas du village ! Pour les amoureux des heures calmes sous les ombrages, les contemplatifs, les littéraires, cap sur Puigcerdá, un lac à bouquiner !

lacs3Un étrange sentiment habite le promeneur dès le premier coup d’œil. Ce lac n’est pas un lac comme les autres. En effet, le lac artificiel de Puigcerdá n’est pas un refuge de pêcheurs et n’est pas ouvert à la baignade. Pas d’activités nautiques non plus, à l’exception d’une sympathique location de barques en bois. Le lac de Puigcerdá aime la discrétion et le silence. On pense davantage aux lacs artificiels des grands parcs parisiens comme les Buttes-Chaumont qu’à un lac de montagne, et les bancs, installés un peu partout avec vue sur la tranquillité des eaux accentuent cette ressemblance. Car ce lieu d’une tranquillité presque troublante, est destiné aux mots… Aussi étonnant que cela puisse paraître, Ici, pratiquement tous les autochtones s’y rendent pour y faire un brin de lecture au pied des arbres, bientôt imités par les touristes heureux d’échapper à la torpeur de l’été. Une atmosphère dotée d’un petit côté intello, parfaitement revendiqué par la municipalité, puisque c’est elle-même qui a installé sa micro-bibliothèque les pieds dans l’eau. D’une incroyable propreté, ce lieu de taille modeste est un refuge de fraîcheur quand la chaleur devient étouffante. Au fil de la balade, on découvre des arbres de toutes sortes. L’acacia du Japon, le bouleau blanc, le noisetier, le marronnier et le cèdre constituent la majorité d’une culture habitée par de petites marmottes. Quelques enfants viennent bien jeter du pain aux canards sauvages, à la seule poule d’eau de Puigcerdá, aux cygnes et aux pigeons blancs, mais rien ne perturbe réellement cet insolite univers littéraire à ciel ouvert.

Quoique, le mystère est là qui veille et émerveille, c’est un lac de femmes et de légendes…Ce qui intrigue les plus jeunes, c’est bien le mythe étrange qui plane autour de ce plan d’eau, une légende dont on trouve des versions diverses dans toutes les Pyrénées où foisonnent les histoires des « dones d’aigua », les ondines, mi-femmes, mi-sirènes, reines des lacs, des grottes et des cours d’eau. L’histoire raconte qu’au XVIIIe siècle, une nonagénaire toujours vêtue d’un jupon et d’une capuche de couleur noire se rendait régulièrement au lac pour y retrouver quelques connaissances. Après avoir passé ses journées sous les arbres à palabrer, cette femme aussi instruite que mystérieuse attendait que tout le monde regagne son domicile une fois la nuit tombée, afin d’embarquer sur un canot de fortune pour rejoindre quelques palais fantastiques tout au fond de l’eau. Dans ces mystérieuses profondeurs, l’attendaient d’autres fées venues du lac du Lanos. Une autre version prétend que la vieille dame vivait dans une maison engloutie par les eaux, et qu’elle n’en ressortait que lorsqu’elle avait la certitude qu’il n’y avait personne aux alentours pour rejoindre discrètement la ville. Depuis ce temps-là, « La vieille du Lac » revient dans les fantasmes de toute la population, chaque année au mois d’août (23/24), où toute la ville fête dignement son retour.  Le roi de ces lacs et étangs est pourtant ailleurs, majestueux et profond, comme les eaux qui s’y mêlent quand les Bouillouses s’épousent…Mythique. Tout simplement mythique. Le lac des Bouillouses réunit dans sa « cuvette », une faune et une flore pyrénéennes étonnantes dans un décor de carte postale. Et que l’on soit randonneur confirmé ou marcheur du dimanche, chacun reste béat devant sa splendeur. Les possibilités de balades sont multiples et de longueurs et de niveaux différents. Pour se rendre sur le site, le plus original est d’emprunter le télésiège. Une occasion unique pour admirer une chaîne de montagne, d’une profondeur infinie, la tête dans les nuages. Depuis Bolquère une liaison en télésiège rejoint le Col del Pam (2 000 m), il vous faudra toutefois entreprendre dans la foulée, une marche d’environ 1 h 50, avec un respectable dénivelé. Une autre option, plus légère cette fois-ci, prend son départ à Font Romeu au Roc de la Calma (2 050m), il ne restera alors que 30 minutes de marche pour atteindre le but. Cette option est particulièrement conseillée avec de jeunes enfants. Il est également possible de rejoindre le lac à partir de sentiers pédestres balisés. Le départ de l’itinéraire le plus emprunté se situe à La Llagonne depuis l’aire d’accueil du Pla de Barrés. Un point d’information est mis à la disposition du promeneur, mais il faut cette fois compter environ 3 h 30 pour atteindre le lac, c’est un peu long avec des enfants en bas-âge. Mais les Bouillouses se méritent. Arrivé sur place, voilà le randonneur au cœur d’un décor unique, avec vue sur une multitude de petits lacs posés comme un chapelet le long du sentier menant au sommet du Pic Carlit. Des lacs dont les bleus s’apparentent tantôt à la turquoise, tantôt au lapis-lazuli et qui posent sur la gorge dorée des montagnes un collier amoureux. Un véritable paradis pour les pêcheurs à la mouche chevronnés, dont les Camporells sont l’Eldorado sans rival, mais aussi pour les novices qui pourront parfaire leur technique à l’aide de guides de pêches agréés, présents tout l’été. De quoi attraper le virus du vrai goût des cimes

lacs4Mais si la pêche et la sieste (on a testé pour vous) restent les loisirs favoris des riverains d’un jour, on tombe inévitablement sous le charme de la gastronomie de haute montagne. Car les menus à la carte proposés par « l’Auberge du Carlit » et l’hôtel des « Bones Hores » sont tout simplement délicieux ! Les parillades au feu de bois (boudin, côte de bœuf, costello) deviennent un émerveillement pour les papilles ! Un petit conseil à garder précieusement : réservez une table sur la terrasse située plein sud, pour admirer l’imposant barrage qui s’étend en contrebas des pics du Roc d’Aude, du Péric, du petit Péric et du Carlit et qui a justement permis à cette étendue bleutée de sublimer la montagne. Un pur moment de bonheur… avant de reprendre la route et de reperdre en toute bonne conscience, les quelques grammes qui auraient pu s’accrocher à vous après un repas aussi roboratif. Un des miracles de la montagne ! Car si l’on n’est pas auprès de lamer, rien n’est perdu pour le régime crêtois car à  Osséja, la star c’est la truite !

Peut-être le plus discret de tous les lacs des montagnes catalanes. Mais au dire des Osséjanais : le plus coquet. Baigné de la lumière éclatante du soleil, engourdi par la chaleur de l’air, et revigoré par les langues musicales et les mains virevoltantes des pêcheurs du cru, voilà comment résumer en quelques mots cet espace vert-bleuté aux courbes graciles. Ici, dans cette étendue d’eau parsemée de nénuphars aux couleurs chatoyantes, la star, c’est la truite ! Pour s’en rendre compte, il suffit d’y aller, dès le petit matin, alors que la vie s’ébroue au son des roulements incessants des moulinets. Bien sûr, les habitués ont colonisé leur place depuis belle lurette, mais il est tout à fait possible de dérouler sa propre ligne, tout en prenant bien soin de saluer son voisin. Comme tous ses cousins de Cerdagne et Capcir, le lac d’Osséja est également un des terrains de jeu préféré des enfants. Mais il est aussi le jardin des plus âgés, le salon où l’on cause de tout et de rien autour des espaces destinés aux barbecues. Sous l’ombre des grands peupliers, des parties interminables de badminton ou de pétanque s’organisent bien souvent jusqu’à la tombée du jour, pendant que quelques sportifs profitent du moment pour allonger leurs foulées sur le parcours de santé. Dans ce petit univers à part, où en cette saison le promeneur est invité au bal des odeurs, toute une vie s’organise, paisible, à pas feutrés. Mais finalement on ne vous dira pas tout ! Car le lac d’Osséja, tout comme les trois autres, c’est incontestablement mieux de le découvrir soi-même…

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