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Des sites magiques

28 Juil Des sites magiques

Le Vallés, par sa situation centrale qui le place à de nombreux carrefours, est le siège de sites remarquables qui en font un véritable musée à ciel ouvert, mais aussi un cabinet des curiosités tant sa gamme est large et atypique. Voici quelques incontournables que vous aurez plaisir à découvrir.

Au cœur de Terrassa, la Seu d’Ègara, bâtie entre le Ve et le VIIIe siècle, affiche en réalité plus de deux mille ans d’occupation humaine puisque le site remonte à l’Egosa (ancien nom de la ville) ibère, romanisée par Flavien Vespasien sous le nom d’Aegara. De nombreux vestiges ornés de mosaïques attestent cette origine romaine, mais la splendeur arrive avec les prémices du christianisme et le statut épiscopal de la basilique, une merveille d’art byzantin dotée d’un baptistère monumental qui ressemble à une petite piscine carrée. En 450, est lancée la construction des églises Sant Miquel et Sant Pere et enfin celle du palais résidentiel de l’évêque. Le tout est recouvert de peintures murales magnifiques datées du VIe siècle, un cas unique !

Un chef d’œuvre signé

Après la conquête maure et la reconquête chrétienne, le site ne retrouvera jamais sa grandeur et il va être largement altéré par des canons résolument romans, somptueux eux aussi. Styles gothiques et renaissant sont aussi du voyage, avec des retables sublimes confiés aux plus grands peintres catalans, tout comme les simples maisons, toutes proches, qui encerclent les monuments. Des pins rythment le paysage. Longtemps abandonné le site a été rendu à la vie par le grand Josep Puig i Cadafalch. Une merveille. Le château chartreux de Vallparadis se situe dans le vallon qui jouxte la Seu. Il s’agit d’un fortin qui a été transformé en chartreuse entre le XIVe et le XVe siècle, par l’adjonction de la salle capitulaire, du cloître et de la chapelle. Cet étrange bâtiment accueille aujourd’hui le musée de la ville. Un peu plus près de Barcelone, le monastère de Sant Cugat del Vallès, célèbre pour son cloître magnifique, est un haut lieu bénédictin qui juxtapose des éléments préromans, romans, gothiques et renaissants. C’est tout simplement l’un des plus beaux de Catalogne, plus modeste que les grandes abbayes cisterciennes, plus grandiose que les joyaux romans de la vall de Boí. La triple nef et ses assises reposent sur le castrum romain. La sobriété obscure et nue du roman est démentie par un déambulatoire gothique doté de grandes fenêtres. Le cloître n’aligne pas moins de 144 chapiteaux d’une facture délicate, réalisés avec de la pierre extraite des carrières du Montjuïc. Les galeries supérieures ont été rajoutées au XVIe siècle. Fait très insolite dans un monde médiéval dévolu au travail collectif et à l’anonymat, on connait le nom de son sculpteur qui n’a pas hésité à graver sur un chapiteau corinthien, « Ceci est le visage du sculpteur Arnau Cadell qui a construit ce cloître pour l’éternité ». Chacune des galeries mesure 30 mètres de longueur, une belle dimension pour l’époque. Le magnifique portail en ogive triplée, la somptueuse rosace, les remparts aux créneaux ornés de redans, la grâce du clocher, la grandeur qui se dégage du cloître font de ce monastère un haut lieu de foi et de tradition. Au centre du cloître s’élève le lavatorium, la fontaine réservée aux ablutions qui atteste du rôle central du cloître dans la vie monastique. En 1502, le prieur commanda à grands frais un retable à l’artiste Aine Bru, lequel a inclus dans son œuvre une représentation du monastère. Cette sorte de photographie a permis une restauration au plus près : l’art au service de l’art en quelque sorte. Vous allez adorer ! Nous l’avons survolé précédemment, mais le site sublime de Sant Miquel del Fai, si isolé, si singulier, surtout, mérite bien que l’on s’y attarde et lui consacre une belle journée d’exploration que vous pouvez entamer à pied, en voiture et même en bus au départ de Barcelone. Dans une falaise très haute dont les strates de formation sont encore lisibles, s’encastrent et se superposent une petite chapelle romane et un monastère qui semblent littéralement naître du minéral.

A l’est, orat et laborat

On les doit à Gombau de Besora, seigneur de Cubelles qui y installe aussi une poignée de moines bénédictins. Du sommet de la paroi, la rivière Tenes s’élance pour retomber dans une vasque énorme couleur turquoise en formant une des plus belles cascades du pays, plus de 100 m de haut. Tous les bâtiments attenants datent du milieu du XVIe siècle, et notamment l’imposant escalier qui permet de se mouvoir entre les différents niveaux. Sur le côté, des espaces verts magnifiquement agencés permettent de gagner le lac avec des dénivelés praticables sans rien perdre de la vue. Plus spectaculaire encore, un chemin vous conduit derrière la cascade où se cache une grotte secrète. L’endroit, bercé par le chant des eaux, à l’abri des regards et des torpeurs de l’été, vous offre une expérience de méditation et de silence intérieur que beaucoup de visiteurs viennent chercher. Plus prosaïquement, les randonneurs épuisés par leur marche sous les frondaisons se rafraîchissent d’un plongeon bienfaisant dans l’eau souvent très froide. Vous l’aurez compris, le lieu a de multiples talents, mais par-dessus tout, sa beauté minérale éblouit sans qu’il se départisse de sa part de mystère. Sans aucun doute un des plus beaux sites de Catalogne. Granollers, capitale textile, entretient pourtant une longue histoire avec le travail du cuir, si bien que l’ensemble formé par ses impressionnants restes de remparts et l’ancienne tannerie dite d’en Ginebreda éclaire les évolutions de la ville médiévale. Au Moyen-âge, les tanneries étaient nombreuses. Elles constituent aujourd’hui, avec le recul, un exemple de pré-industrialisation de la ville, devenue siège d’un marché et d’une foire dès le Xe siècle et donc destinée dès sa naissance à remplir un rôle de locomotive économique. La proximité des remparts ne doit rien au hasard car l’eau de la rivière Congost, nécessaire à la transformation des peaux, était tout simplement évacuée dans le fossé de l’enceinte avec toutes les nuisances olfactives que l’on peut imaginer. Les différents bassins sont encore visibles et évoquent irrésistiblement les tanneries en activité du Maghreb comme celle du souk de Fès, lui-même issu d’éléments médiévaux. La ville s’est saisie de cet élément d’authenticité historique pour créer sur place un centre d’interprétation de l’histoire médiévale de la ville.  L’éclairage est passionnant et vous pourrez y décrypter tous les signes du futur destin industriel de la capitale du Vallès Oriental. Bien sûr, ce petit aperçu n’a rien d’exhaustif. Ne ratez pas une montée au joli château de Granera ni la visite de Terrassa. Les Vallès regorgent de petits coins secrets qui, tous, révèlent l’âme catalane !

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