LLIVIA

30 Jan LLIVIA

La route est droite, très droite. Elle traverse la magnifique haute plaine cerdane d’un seul trait, comme pour oublier qu’elle n’est pas comme les autres. Une route espagnole en territoire français, qui mène à la seule enclave héritée des guerres d’antan : la fière cité de Llivia.

Clic-clac

A priori, aucune différence entre cette cité catalane et ses voisines, quelle que soit la nationalité dont on les a dotées. Les mêmes grandes maisons de pierre aux balcons ouvragés, les mêmes rues étroites, pentues, pavées. Les mêmes places avec l’inévitable fontaine où se tient toujours le marché, aussi coloré qu’au Moyen-Age.

Travelling avant

Un petit coup d’œil au magnifique portail de l’église romane, au retable baroque couvert d’or fin, et aussi, aux peintures réalisées pour elle, par un disciple du divin Dalí, Miquel Marrugat. Un peu plus loin s’élève la tour Bernat de So, qui fut une prison et abrite aujourd’hui les services municipaux. Une belle tour ronde, qui remplaça le château détruit par le funeste Louis XI.

Zoom

Justement, sur la butte, les ruines du château portent encore la trace d’une vraie forteresse. Des passerelles permettent de dominer les pans de murs désossés pour prendre la mesure de l’ensemble. L’ancienne citerne, toujours pleine d’eau puisqu’ouverte aux quatre vents, a vaillamment traversé les siècles.

Flash

Au-dessous s’étend le petit territoire en L de la commune, flanquée de ses deux hameaux, Gorguja et Cereja. Les quelques vaches de la laiterie voisine paissent paisiblement, tandis que les chevaux de race pyrénéenne, amoureusement élevés sur leurs terres, s’ébrouent gaiement dans les prés. La barrière enneigée des Pyrénées veille sur ce paysage pastoral.

Travelling arrière

Sur la petite place, une belle bâtisse renaissante abrite une ancienne pharmacie devenue musée. Partout, des pots d’apothicaires, des têts de préparation, des mortiers de céramique, de grès, de verre dépoli et de porcelaine. Un squelette dans une vitrine. Mention spéciale à la cheminée baroque aux colonnettes torsadées.

Flou artistique

Au détour d’une ruelle, trois sculptures naïves en granit représentent un chien, un chat et un escargot. Les balcons sont pour la plupart couverts de fleurs. L’ensemble est pimpant et soigné, les gens s’arrêtent sur les trottoirs pour discuter, des chats paressent sur les rebords des fenêtres.

Contrechamp

Un coup d’œil aux voitures sagement garées, nous confirme que Llivia se rit de la frontière : les immatriculations sont joyeusement panachées. Au retour – par la même route, enclave oblige – les Pyrénées font mine de faire front, aussitôt démenties par la brèche, là-bas, où déjà se profile Puigcerdà.