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Rencontre avec Maria Teresa Vilà

28 Sep Rencontre avec Maria Teresa Vilà

Maria Teresa Vilà est la directrice de l’Association du Tourisme Rural des provinces de Girona, des Pyrénées à la Méditerranée. Elle nous parle de l’engouement croissant des touristes pour ce type d’hébergement.

Cap Catalogne : Bonjour, Maria Teresa, vous représentez l’association des gîtes ruraux des comarques de Girona. Expliquez-nous le rôle de cette structure.

Teresa Vila : Nous représentons 240 gîtes ruraux répartis dans toute la province de Girona, des grands mas aux simples chambres d’hôtes, des appartements modernes aux maisons de charme, et ce, dans toutes nos comarques. Notre association touristique professionnelle a pour mission de défendre ce secteur, de dynamiser l’activité économique afférente, et de conseiller les propriétaires dans la gestion et la promotion nationale et internationale de leurs gîtes. évidemment, de nos jours, les aiguiller dans le sens des énergies renouvelables et des matériaux durables, les encourager à veiller aux équipements internet revêt une importance cruciale. Bien sûr nous travaillons pour nos membres, mais le secteur dans son ensemble se porte très bien.

CC :  Il semble que ce type d’hébergement soit de plus en plus prisé des touristes ?

TV : Il faut dire que nous sortons des années de covid qui ont été particulièrement difficiles dans les zones urbaines où les sorties étaient limitées et le masque obligatoire. Elles ont agi comme un coup de projecteur qui a fait ressurgir toutes les campagnes publicitaires précédentes et les a validées. Une sorte de preuve par neuf de leur véracité. Pendant des mois, les hôtels et les restaurants ont été fermés ou fortement contingentés par peur de l’épidémie. Les gens, surtout en ville, étaient totalement privés des sorties qui jouent habituellement le rôle de soupape de sécurité. Ils avaient follement besoin de nature, de liberté, de marcher sans masque, de se retrouver ailleurs, mais aussi de partager. Un gîte c’est tout ça à la fois avec la possibilité de cuisiner en plus, et ce sentiment inexplicable qui fait se sentir chez soi parce que tous les objets qui nous entourent habituellement dans le quotidien sont là, même sous une autre forme. Nous avons vu comment des tas de citadins redécouvraient la Catalogne alors qu’ils seraient probablement partis vers des destinations lointaines en temps normal. Là, nécessité a fait loi, et les gens ont pris goût à ce dépaysement tout proche et financièrement accessible. Nos campagnes sont devenues hautement désirables. Entre inflation et déreglement climatique, les gens hésitent davantage à prendre des billets d’avion. Les mentalités ont changé. Les gîtes ruraux sont exactement ce dont les gens ont besoin.

CC : Et la vague a reflué avec le retour à la normale ?

TV : Justement non. Le marché s’est consolidé, au contraire. L’engouement rencontré pendant le covid a été une véritable publicité gratuite que le bouche-à-oreille a merveilleusement prolongée. Certains loueurs font maintenant appel à des plateformes comme Booking ou Airbnb, et la plupart ont investi dans les logements qu’ils mettent à disposition.  Je dois dire que nous constatons que le degré d’exigence de la clientèle est en très forte augmentation : on ne part qu’à la condition d’être mieux que chez soi. Le confort est l’élément-clé. Les touristes demandent une bonne literie, une jolie décoration et bien sûr, un bon accès à internet. Ne perdons pas de vue que certains font du télétravail.  Même dans un environnement rustique comme un ancien mas, tout doit être remis au goût du jour. C’est essentiel. Alors nos propriétaires font de gros efforts pour offrir un environnement agréable au décor soigné.

CC : Qui loue des gîtes ruraux ? Des couples ? Des familles ? Des amis ?

TV : Souvent des groupes familiaux avec des amis. L’idée c’est de partager une maison avec tout le côté chaleureux et ludique que cela comporte, cela n’a rien à voir avec un hôtel ou un camping.  Il y a aussi des couples mais ils affectionnent plutôt les chambres d’hôtes de charme. Ensuite, il est clair que nous avons beaucoup de retraités. Les séniors sont une clientèle fidèle et argentée. Ils sont particulièrement sensibles à la beauté et à la variété de nos paysages, à l’authenticité de l’accueil aussi, il y a donc là une belle marge de progression et en particulier sur les ailes de saison plus tempérées.

CC : La demande d’activités doit être essentielle ?

TV : En général, nous encourageons les propriétaires à proposer des activités alentour, qu’il s’agisse d’activités sportives, notamment centrées sur la randonnée ou le vélo, ou d’activités plus culturelles comme les fêtes traditionnelles, les musées, les lieux patrimoniaux ou les festivals. Je voudrais d’ailleurs parler du phénomène du vélo dans nos comarques. Comme le Gironès, le Pla de l’Estany et l’Empordà sont plutôt plats, ils se prêtent à des déplacements doux en vélo (parfois électrique), et sont d’ailleurs particulièrement bien équipés de voies vertes et de pistes cyclables. Les zones à plus forte déclivité se prêtent, elles, au VTT, si bien que le touriste type est difficile à dissocier de son vélo. évidemment, les cyclistes trouvent chez nous tous les services dont ils peuvent avoir besoin. En fait la clientèle des gîtes est vraiment diverse à la fois par sa provenance, son âge, et ses centres d’intérêt et cela contraint les propriétaires à s’adapter en permanence. Nous les accompagnons de notre mieux.

CC : Ces touristes, d’où viennent-ils ?

TV : La plus grande partie vient de Catalogne, cela fonctionne un peu comme des maisons de campagne idéales dans un environnement privilégié et en totale liberté. Beaucoup de Barcelonais, bien sûr. Ensuite, nous recevons beaucoup de Français, bien sûr, de Hollandais, d’Allemands bien qu’il semble que leur pouvoir d’achat soit un peu en baisse, d’Anglais… C’est chez nous que le tourisme des gîtes fonctionne le mieux pour ce qui est de la Catalogne et toutes nos comarques en profitent puisque nous avons tous les paysages, toutes les altitudes, des stations balnéaires, des stations de ski, la mer, bref de quoi attirer toute l’année les touristes.

CC : Au niveau des repas, les gîtes servent-ils à manger selon la logique d’une table d’hôte ?

TV : La plupart servent le petit déjeuner et le dîner. Généralement, les touristes se débrouillent pour le repas de midi. On leur sert, dans la mesure du possible, des produits de terroir frais kilomètre zéro, et des plats locaux. C’est un des éléments forts de l’attractivité du territoire.

CC : Vous nous l’avez dit, le nombre des touristes amateurs de tourisme rural a augmenté. Est-ce que cela a incité davantage de propriétaires à mettre leurs biens en location après les avoir aménagés ?

TV : Justement c’est un aspect intéressant car l’offre croît chaque jour. Pour l’absorber, il faudrait que le nombre de touristes augmente en parallèle. Mais au fond, cela favorise les démarches d’excellence et conduit à davantage d’émulation encore. Je suis fermement convaincue que ce secteur du tourisme rural est appelé à se développer de plus en plus, pour autant que le confort soit au rendez-vous et qu’il s’inscrive dans une démarche environnementale vertueuse. Et surtout, il a le mérite de favoriser un vrai contact entre autochtones et touristes, ce que ne permettent pas les autres types d’hébergement. C’est un plus et c’est unique.

gironacasesrurals.com

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